Au cours du 1 er millénaire av. J.C. un phénomène nouveau marque de façon décisive l’histoire de la Communauté juive.
Les aléas de l’histoire d’Israël durant les huit derniers siècles de l’Ancien Testament expliquent les implantation de la Diaspora juive. En 721 av. J.C. la chute de Samarie met un terme au royaume du nord. Toute une partie de la population est déportée en Assyrie où peu à peu elle fait souche. Beaucoup d’entre ces Israélites se laisseront assimilés par les nations païennes d’alentour, mais certains fonderont comme à Nisibis, sur un affluent du Haut-Euphrate, une communauté très vivante encore au début de l’ère chrétienne.
A la fin du siècle suivant la menace chaldéenne entraîne l’éclatement de la population juive du royaume de Juda: tandis que certains cherchent refuge en Égypte (2R 25,26), les autres, la majorité, sont déportés en Chaldée. C’est là qu’ils vont s’installer peu à peu, dans les plaines du Tigre et de l’Euphrate, encouragés d’ailleurs par le prophète Jérémie (Jr 29,4-9).
Regroupés en communautés très soudées, ils y vivront leur foi dans la fidélité aux exigences de la Loi, tout en ayant leur regard et leur cœur fixés sur Jérusalem et son Temple.
Quant à ceux qui sont partis au pays des Pharaons, ils seront le point de départ d’une Diaspora égyptienne dont on retrouvera bientôt la descendance dans la haute vallée du Nil. De nouveaux exilés s’installeront plus tard à Léontopolis, sur la frange orientale du Delta à une cinquantaine de kilomètres au nord de Memphis.
Près de trois siècles plus tard, on trouve des unités juives dans les armées d’Alexandre et à la fin du 3 ème siècle Antiocus III contraint des mercenaires juifs, nombreux dans ses troupes, à quitter Babylone pour l’Asie Mineure, ceux-ci partent avec leurs familles et s’installent en Phrygie dans un premier temps. Plus tard, attirés sans doute par le prestige dont jouit la nouvelle province romaine d’Asie organisée entre 128 et 126, les immigrés juifs s ‘avancent vers l’ouest et font souche dans les villes d’Éphèse, de Smyrne, de Pergame, de Sardes, de Philadelphie et de Laodicée.
A ces migrations consécutives aux épreuves d’Israël en Palestine, s’en ajouteront d’autres: l’unification du Proche-Orient par Alexandre, le dynamisme économique né du rayonnement de l’hellénisme, le développement des communications maritimes et terrestres et par là même des échanges commerciaux entraîneront de nouveaux déplacements à l’intérieur du bassin méditerranéen. Ainsi le réseau routier mis en place par Rome devait faciliter les voyages des commerçants juifs et leur venue à Rome dès le 2 ème siècle av. J.C. n’a rien de surprenant. Trop près de l’empereur, ils en supporteront d’avantage les caprices et connaîtront des moments difficiles, et même l’expulsion comme ce fut le cas en 41 de notre ère sous le règne de Claude.
L’énumération des peuples représentés à Jérusalem au jour de la Pentecôte Ac 2,9-11), ne fait que confirmer ce que le géographe grec Strabon écrit dans le même temps:”On ne trouverait pas aisément sur la terre habitée, un lieu qui n’est accueilli ce peuple et qui n’est pas éprouvé son pouvoir”. Les historiens estiment aujourd’hui de six à sept millions le nombre de Juifs ainsi dispersés dans l’empire romain, pour une population globale avoisinant les quatre-vingt millions.
Si leur présence est particulièrement importante dans les trois plus grandes métropoles du bassin méditerranéen: Rome, Alexandrie et Antioche de Syrie, elle l’est de façon moindre, certes, mais très réelle dans de très nombreuses cités: Cadix, Cordoue, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Cologne, Gênes, Ravenne, Caralis, Panormus, Carthage et Mélita pour ne parler que des principales et du seul Occident.
Au début du 1 er siècle de notre ère, l’empire romain compte selon les estimations de 60 à 100 millions d’habitants, dont 6 à 8 millions de Juifs, et couvre avec ses diverses provinces et les”royaumes alliés” tout le pourtour de la Méditerranée, s’étendant encore au nord de la Gaule jusqu’au Rhin
Depuis l’ascension progressive d’Auguste au pouvoir, à la fin du 1 er siècle av. J.C., cette énorme entreprise trouve le secret de sa réussite dans des institutions fortes qui se sont mises en place au fur et à mesure du développement et des crises qu’a connues l’empire.
Au sommet de cette colossale pyramide siège l’empereur qui jouit d’un pouvoir absolu grâce au cumul dans ses seules mains de l’autorité politique, militaire et administrative. Il n’a guère d’autre rival que le Sénat. Cette noble assemblée n’a pour elle que la respectable origine de ses membres et leur richesse considérable grâce à laquelle ils peuvent éventuellement soudoyer les agents d’une révolte. Dans cette situation le jeu de l’empereur est simple: ou il flatte le Sénat, ou il fait preuve d’autorité pour le museler.
Tout depuis le sommet est strictement hiérarchisé dans cette société et chaque classe sociale a ses obligations et ses règles: sénateurs, chevaliers, décurions, plébéiens, affranchis et esclaves, et si l’on peut par des mérites reconnus franchir un seul échelon dans toute une vie, cela représente déjà une belle réussite. Aux grands commis de l’État et aux magistrats incombe la charge de nourrir et de divertir le peuple: Panem et circences! Au peuple revient le devoir de respect et d’obéissance.
Et le droit sans lequel on ne saurait comprendre Rome garantit stabilité et sécurité à ces institutions qui régissent la vie sociale comme la vie personnelle de chaque sujet dans cet empire qui s’étend .aux dimensions même de la Méditerranée.
Les conflits qui éclatèrent dès le 3 ème siècle av. J.C. en Méditerranée occidentale entre Rome et les colonies grecques de Méditerranée occidentale eurent entre autres conséquences d’ouvrir davantage encore l’Italie à la culture hellénistique. Certes Rome n’avait attendu ni l’affrontement avec Pyrrhus II roi d’Épire, ni les guerres Puniques pour entrer dans le souffle de l’hellénisation qui secouait toute le bassin méditerranéen: les nombreuses colonies grecques établies sur les côtes, de l’Asie Mineure à la péninsule ibérique, avaient amorcé le mouvement dès le 8 ème siècle av. J.C., avec la fondation de Syracuse par les Corinthiens. Mais alors, les Grecs considéraient encore Rome comme une puissance barbare au même titre que Carthage. Il fallut attendre les Jeux de 228 av. J.C. pour qu’Olympie invite les athlètes de Rome au même titre que ceux des autres cités grecques. Peu à peu et dans tous les domaines de la pensée et des arts, Rome se laissaient façonner par la Grèce.
La paix romaine, la fameuse Pax romana, qui cependant ne s’était pas faite sans une grande effusion de sang, favorisait maintenant la libre circulation dans ce vaste empire et avec elle les échanges linguistiques, culturels et religieux. L’armée toute puissante avait assuré la conquête incessante de nouvelles provinces, elle en garantissait aujourd’hui la sécurité face aux barbares de l’extérieur.
Conscients d’être soumis à un destin qui leur échappe les Romains tentent de percer les desseins secrets des dieux. Il est donc important de ne rien entreprendre avant d’avoir consulté les dieux par l’entremise des augures qui cherchent dans les entrailles ou le foie d’un animal sacrifié, le vol ou le cri d’un oiseau la réponse de Jupiter qui permettra au consultant de faire le bon choix. Les pythies elles aussi sont interrogées et leurs réponses sibyllines interprétées dans les sanctuaires d’Apollon deviennent oracles divins. Chacune des forces divines, chaque force de la nature, et avec la naissance de l’empire, chaque empereur est divinisé et le nombre des dieux devient dès lors incalculable: qu’il suffise de rappeler la réflexion de Luc à propos du passage de Paul à Athènes (Ac 17,16).
A ces innombrables divinités, qui pour beaucoup ne sont que le décalque des dieux du panthéon grec, les romains rendent un culte: dans les villes, les temples sont nombreux et les prêtres aussi, mais dans les campagnes les paysans restent fidèles à leurs superstitions ancestrales liées au rythme des saisons et de la vie agricole.
La tolérance des autorités devant tant d’expressions religieuses est totale du moment qu’elles ne menacent pas l’ordre établi et ne portent pas ombrage au culte officiel, car depuis la divinisation de l’empereur au temps d’Auguste, un culte impérial s’était mis en place avec son clergé, ses rites et ses fêtes. Ne pas souscrire à ce rituel passait pour un crime de lèse majesté, pour ne pas dire un acte impie et une rébellion politique.
Au milieu de cet imbroglio religieux, et peut-être à cause de lui, certaines et certains, insatisfaits dans leur quête religieuse, aspiraient à une religion de salut. C’est ainsi que les Religions à Mystères venues d’Orient connurent à partir du 1 er siècle un véritable engouement.: culte d’Isis ou d’Eleusis, culte de Mithra ou de Cybèle se répandirent dans tout l’empire. Par un rituel tenu caché aux non-initiés, les fidèles communiaient à la mort et au retour à la vie de la divinité, pour assurer leur propre salut.
Il était impensable en raison même du prestige dont la Grèce jouissait auprès des Romains, qu’un homme cultivé ignorât la langue et la littérature grecques. On constate à la vue des documents écrits ou gravés sur la pierre que la chancellerie romaine était bilingue et traduisait en grec les textes destinés aux provinces orientales. Le latin demeurait cependant la langue du droit, de l’administration et de l’armée. Un autre constat s’impose également: tandis qu’en Occident le latin dépassait rapidement les limites des villes et supplantait ainsi les langues locales, il en allait tout autrement en Orient, là le grec restait la langue des villes tandis qu’il s’imposait difficilement dans les campagnes. On en a une preuve manifeste dans l’épisode de Paul et Barnabé à Lystre (Ac 8,8-14).
Chaque famille de haut rang se faisait un devoir d’instruire ses enfants: on se payait un pédagogue privé, arrivé souvent dans un convoi de prisonniers de guerre, vendu sur un marché aux esclaves, et qui s’était vite fait remarquer pour sa grande érudition. Les familles moins fortunées envoyaient leurs enfants dans des écoles où des grammairiens mal payés et aux méthodes pédagogiques archaïques enseignaient avec le vocabulaire et la grammaire quelques rudiments de mythologie et d’histoire. Les meilleurs sujets pouvaient alors prétendre à une formation oratoire auprès d’un rhéteur, enfin une élite seulement achevait son cycle scolaire dans une des métropoles d’Orient, en particulier à Athènes qui restait toujours le phare intellectuel et culturel de l’empire, à Antioche ou Alexandrie qui possédaient l’une et l’autre ce que l’on appellerait aujourd’hui une université de renom.
Il est évident que plébéiens, affranchis et à plus forte raison les esclaves étaient tenus à l’écart de ce cursus scolaire: c’est dire que la grande majorité de la population vivait dans l’analphabétisme le plus complet.
Les Romains ont laissé partout dans ce qui fut leur empire des témoins de leur architecture: arcs de triomphe, temples, gymnases, basiliques et bains font encore l’émerveillement des visiteurs des sites antiques. Il faut ajouter à cela les routes, les ponts et les aqueducs pour donner une idée exacte des réalisations du génie civil romain. Certes les esclaves ramenés nombreux à la suite des conquêtes victorieuses, les légions inactives entre deux campagnes fournissaient une main-d’œuvre peu coûteuse, mais à voir la qualité de la taille des pierres, de l’abondance des décors sculptés et de l’agencement de l’appareil, force est de reconnaître qu’il se donnait sur les innombrables chantiers de l’empire une formation technique et artistique de premier ordre. Trois inventions par ailleurs, dues elles aussi au génie romain, allaient modifier profondément l’architecture des grands monuments: ce sont le ciment, la voûte et la coupole.
Pour faciliter les déplacements des légions, les responsables du génie civil tissèrent sur toute la surface de l’empire un remarquable réseau routier: près de 90.000 kilomètres de routes ouvertes en plaine comme en montagne, mais toujours avec la même rigueur dans le choix du tracé, la structure interne de la chaussée, la qualité du revêtement et le drainage des eaux.
Les villes n’échappèrent pas à cette recherche en matière d’urbanisme. Là on resta globalement fidèle à l’héritage hellénistique: le plan hippodamien, du nom de son inventeur Hippodamos de Milet, un philosophe et urbaniste grec du 5 ème siècle av. J.C., qui reconstruisit sa ville natale sur un quadrillage orthogonal, dessinant des îlots carrés et réguliers dans lesquels s’inscrivaient les divers monuments publics. Ce plan s’était imposé en Méditerranée orientale depuis Alexandre, les Romains se contentèrent le plus souvent d’élargir les voies centrales est-ouest et nord-sud répartissant ainsi les quatre quartiers de la ville autour des deux bras d’une croix grecque formée par le Cardo Maximus, nord-sud, et le Cardo Decumanus, est-ouest. Enfin pour permettre une meilleur conservation de l’eau dans les villes, l’enduit de citerne, connu en Orient depuis le 10 ème siècle av. J.C. environ, fut employé dans les aqueducs, les canalisations et les citernes et renforcé par l’inclusion de fins gravillons ou de miettes de briques pilées.
La vie économique de l’empire repose essentiellement sur l’agriculture et l’élevage. Les rendements sont faibles en raison de l’absence des techniques agrestes qui ne viendront que dix siècles plus tard. La vie des paysans est dure. Certains d’entre eux sont esclaves et travaillent de grands domaines de plusieurs dizaines d’hectares, appartenant à de riches propriétaires qui ont en ville leurs activités commerciales ou leurs responsabilités politiques. Certains domaines sont beaucoup plus vastes encore: ce sont des terres personnelles de l’empereur; il les a confiées à un haut fonctionnaire pour qu’il en assure la mise en valeur. D’autres paysans sont de petits propriétaires qui exploitent eux mêmes leurs propres terres, avec l’aide parfois d’un ou deux esclaves.. D’autres enfin vivent et travaillent sous un régime de métayage.
Le blé produit en Italie devient vite insuffisant pour nourrir une population urbaine qui ne cesse de grandir. Il faut faire appel à la Sicile toute proche, mais également à l’Égypte, qui achemine le blé par bateau. Dans la campagne comme en ville de nombreux ateliers artisanaux mobilisent une foule d’esclaves qui fabriquent pour leurs maîtres des poteries, cuisent des briques, foulent, filent et tissent la laine ou le lin, tannent les cuirs, coulent le verre ou le métal. Tous ces produits manufacturés, produits par les esclaves dans les grands domaines ou par des artisans libres dans les petits villages sont ensuite livrés à des negotiatores qui les vendront aux quatre coins de l’empire. Ce trafic se fera par route en utilisant les voies que Rome a ouvertes à travers tout l’empire pour ses légions, mais aussi par bateau. Le voyage alors est long car à l’époque on navigue avec des voiles carrées qui interdisent de remonter au vent, dépourvus de gouvernail d’étambot et sans instruments de navigation. Pour ces trois raisons principalement on est contraint de caboter sans perdre de vue les côtes.
Rome avait fait école dans tout l’empire et chaque cité s’enorgueillissait de ses édifices publics. Des fonctionnaires locaux, les Curiales, administraient la cité. A côté du forum se trouvaient les bâtiments administratifs dans lesquels sévissaient des fonctionnaires dont une des tâches principales était d’assurer la bonne rentrée des impôts et d’organiser le cas échéant prélèvements, réquisitions ou recrutement forcé.
Les débats politiques, la présentation du programme d’action municipale par les candidats aux diverses charges de la cité, les élections et les jugements ont lieu dans la basilique, sorte de grande salle municipale, qui entre temps sert de marché.
En parcourant les grands axes de la cité on rencontre le théâtre, l’amphithéâtre et le cirque où de riches citoyens, de hauts fonctionnaires et parfois l’empereur lui-même offrent au peuple les spectacles dont il était friand: combats de gladiateurs, luttes contre les fauves ou course de chars. Le théâtre grec avait été le lieu où se construisait l’âme commune de la cité, le théâtre romain devient au fil du temps un lieu de divertissement où la dimension culturelle et l’élévation de l’esprit font souvent défaut. Mais par ces libéralités tous ces grands personnages soignent leur popularité et assurent leur carrière politique.
La vie dans les villes est difficile, et plus d’un auteur latin le souligne avec amertume. Le bruit y est omniprésent: roulement des lourds chariots sur les dalles de pierre usées par le frottement des roues, beuglement des troupeaux qui arrivent des campagnes et traversent la cité pour gagner les abattoirs, cris divers des boutiquiers pour attirer l’attention d’un éventuel client. Et à cela s’ajoutent les papotages des oisifs et des gens des campagnes qui viennent aux nouvelles avant de s’en retourner chez eux.
La famille romaine marque nettement la différence entre le garçon et la fille: au premier trois noms, le prénom, qui lui est propre, le nom de la famille au sens large et le nom de la branche de la famille à laquelle il appartient; quant à la fille, elle n’a que son prénom. La famille romaine recouvre une réalité plus large que ce que nous entendons aujourd’hui sous ce mot: elle regroupe en fait tous ceux qui comme dans le clan nomade sont soumis à une même autorité, c’est à dire les descendants, avec femme, enfants et serviteurs d’un même chef de famille encore vivant. Dans les familles modestes ou pauvres le fils sera très tôt initié au métier de son père: mieux qu’une école d’apprentissage, la répétition inlassable des mêmes gestes lui donnera un véritable savoir-faire. Pour les fils de famille aisées, c’était le cursus scolaire classique.
Pour le jeune homme qui désire se marier les choses ne sont pas simples. En effet le droit romain qui évolue cependant du temps de la République au Bas-Empire connaît de très nombreux empêchements au mariage légitime: consentement non seulement des intéressés, mais aussi des membres de la”famille”, condition sociale et métiers exercés,… C’est pourquoi beaucoup, en particulier dans les classes défavorisées, vivent en concubinage. Le rituel du mariage est assez souple, mais l’élément le plus constant est la remise par le jeune homme d’un anneau à son épouse qui le portera à son annulaire gauche. En cas de mésentente le mari seul, sous la République, peut demander le divorce, mais à partir de l’empire, la loi évoluant, la femme peut aussi le demander.
Les romaines se marient très jeunes, souvent vers douze ou treize ans et ne tardent pas en général à donner un enfant à leur mari. A cette époque, la naissance est toujours un risque important et l’on estime à près de 10% le nombre des femmes qui meurent au moment d’accoucher ou dans les jours qui suivent.
Au moment de la naissance le père accepte ou refuse l’enfant, s’il est refusé, l’enfant nouveau-né est exposé dehors, livré donc à une mort certaine, à moins que quelqu’un ne le recueille et ne l’élève pour le vendre plus tard sur un marché d’esclaves.
Devant la maladie les Romains se tournent soit vers les dieux, ce qui explique la présence de nombreux ex-voto dans les sanctuaires, soit vers les médecins. Depuis les Grecs la médecine avec ses diagnostics et ses remèdes s’est répandu dans le bassin méditerranéen. Le caractère bénéfique des sources thermales est connu, et là le Romain joue sur les deux tableaux: celui du rituel religieux et celui de la médecine, ne sachant pas trop bien qui a fait quoi dans sa guérison.
Les défunts sont honorés par un certain nombre de rites funéraires: le corps est exposé dans l’atrium sur un lit de fleurs et pleuré par des pleureuses professionnelles tandis que des joueurs de flûte exécutent une musique de circonstance. Quand vient le jour de l’inhumation ou de la crémation, selon les habitudes de la famille, le cortège s’ébranle, le corps précédé des pleureuses et des joueurs de flûte, accompagné des hommes en toge de couleur sombre, les femmes portant leurs cheveux dénoués. Neuf jours plus tard on offre un sacrifice et l’on porte divers aliments sur la tombe du défunt.
Les communautés juives dispersées dans l’empire ne pouvaient délaisser la Loi: elle était constitutive de leur identité. Mais elle en faisait obligatoirement des”séparés”. Il était en effet interdit à un Juif d’entrer dans la maison d’un incirconcis (Ac 18,20 ), interdit de manger des aliments qui n’étaient pas casher, interdit de travailler le jour du sabbat ou de participer à un culte étranger, fût-il même impérial: les Juifs devaient vivre”à part” et cela explique la présence dans les villes de l’empire d’un quartier juif, avec sa synagogue, ses commerces et ses tribunaux. Les fouilles archéologiques de Sardes en Asie Mineure ont permis de retrouver l’un de ces quartiers juifs. Cette mise à l’écart nécessitée par la fidélité à la Loi allait vite entraîner la méfiance des autorités romaines et de nombreux conflits. En effet les deux grandes révoltes de 66-72 et de 132 à 135 de notre ère, ne doivent pas occulter les incidents qui opposèrent si souvent Juifs et Romains. Les moqueries et les vexations populaires, les critiques habilement tournées des philosophes ou des historiens, maintenaient parfois un climat d’hostilité larvée qui fournissaient aux empereurs, tel Tibère, Claude ou Néron pour ne citer que ceux-là, un bon prétexte pour museler les droits des Communautés juives. Car paradoxalement d’autres empereurs accordaient aux Juifs des privilèges ou des exemptions en raison même de leur singularité: Auguste les autorise à envoyer de l’argent à Jérusalem, avalise les pouvoirs judiciaires du Sanhédrin, le respect du repos du sabbat pour les ressortissants de la Communauté, la protection des synagogues et des tombes juives.
L’originalité d’Israël avait de quoi interroger et séduire plus d’un païen, aussi n’est-il pas étonnant de constater que beaucoup d’hommes et de femmes aient tourné leur regard vers les communautés juives établies dans les cités de l’empire. Une vision du monde et de son histoire proclamée par les prophètes, un idéal de vie spirituelle nourri par la prière des psaumes, une rigueur morale soutenue par une Loi clairement définie, une sagesse à vivre au quotidien inlassablement rappelés dans la synagogue par les rabbins, tout cela ne pouvait laisser indifférents les sujets de l’empire.
Le Nouveau Testament distingue soigneusement deux catégories parmi les païens attirés par le Judaïsme: les Craignant-Dieu ou Adorateurs de Dieu et les Prosélytes. Les premiers ont abandonné leur polythéisme d’origine et adhèrent à la Foi en un Dieu unique et obéissent aux prescriptions de la Loi. Un point cependant les arrêtent, celui de la circoncision. Cette”mutilation” paraît inacceptable pour un homme de culture gréco-romaine et l’empêche pratiquement de fréquenter les bains, dont on connaît la place dans la vie sociale du citoyen. Le craignant Dieu fréquentera la synagogue, où il participera à l’enseignement et à la prière de la Communauté juive, mais les Pharisiens seront réticents à l’admettre parmi leurs relations.
Les prosélytes, eux, ont fait le pas de la circoncision: intégrés désormais à la Communauté, ils profite de son statut social, mais à l’intérieur de cette Communauté ils voient cependant leurs droits restreints et restent toujours des Juifs de”seconde classe”. Leur ouverture à la foi juive et la purification des mœurs qu’ils ont acquis par la pratique de la Loi prédisposeront nombre d’entre eux à faire un pas plus décisif encore: celui du baptême. (Ac 6,5; 12,22;10,46-48; 16,14-15).
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