1 Job prit alors la parole : 2 Aujourd’hui encore ma plainte est rebelle :
ma main ne peut la bloquer dans ma bouche !
3 Ah, si je savais où le trouver,
j’irais jusqu’à sa demeure !
4 J’exposerais ma cause devant lui,
je lui dirais tous mes arguments.
5 Je verrais ce qu’il me répondrait
et je pourrais comprendre sa réponse.
6 Mettrait-il toute sa force dans le débat ?
Non ! Lui m’écouterait.
7 Il verrait l’innocence de celui qui l’attaque,
et je serais pour toujours libéré de mon juge.
8 Mais je peux aller à l’orient, il n’y est pas,
à l’occident, je ne l’y verrai pas !
9 J’ai cherché au nord sans le trouver,
retournant au midi je ne l’ai pas vu.
10 Il me connaît pourtant, que je marche ou m’arrête :
s’il m’éprouve au creuset, je passerai avec l’or.
11 Car j’ai maintenu mon pied sur son sentier,
j’ai suivi sa route, je n’en suis pas sorti.
12 Je n’ai pas ignoré ses commandements,
j’ai gardé en moi toutes ses paroles.
13 Mais s’il veut quelque chose, qui l’en empêchera ?
Ce qu’il a désiré, il le fera.
14 Il fera jusqu’au bout ce qu’il a décrété,
ce ne sera qu’une fois de plus.
15 Voilà pourquoi il m’effraie ;
quand j’y pense, j’ai peur de lui.
16 Mais si Dieu me fait perdre cœur,
si le Puissant me terrifie,
17 je ne me suis pas tu pour autant dans le noir,
en dépit des ténèbres qui voilent mon visage.
Ce poème 19,13-22 évoque à travers le cas de Job le sort des vieillards, des malades, de tous les “inutiles” de la société, de ceux qui sont devenus un objet de répulsion et que nul ne peut aider.
Mais ici, à la moitié du livre, Job redit sa foi de la façon la plus forte : Je sais que mon libérateur est vivant, et de ma chair je verrai Dieu (25-26).
Du fait même de sa justice, Dieu doit parler après tous les autres. Dieu attend souvent que ses serviteurs soient morts pour les justifier, mais à la fin, il viendra en rédempteur, ou libérateur : tous verront et entendront (Sagesse ch.5). Ainsi ont espéré les justes opprimés dont parle la Bible, et Jésus lui-même.
Mais à vrai dire, Job lui-même n’est pas un opprimé qui attend sa libération... Le plus important pour lui n’est pas d’avoir raison sur ses adversaires, mais de voir Dieu et de l’entendre (27).