1 Jette ton pain à la surface des eaux ; après un temps il te reviendra. 2 Partage avec des associés, huit plutôt que sept, car tu ne sais pas quel malheur peut frapper le pays.
3 Quand les nuages sont pleins, ils déversent la pluie sur la terre.
Comme l’arbre est tombé, que ce soit au nord ou au sud, il reste où il est tombé.
4 Observer le vent, ce n’est pas semer ; considérer les nuages, ce n’est pas moissonner.
5 Tu ne sais pas par où l’esprit est venu à l’enfant dans le sein de la femme enceinte : tu ignores tout autant l’œuvre de Dieu prise dans son ensemble.
6 Sème ton grain au matin, et que le soir encore ta main s’active : tu ne sais pas lequel des deux sera profitable, peut-être l’un et l’autre.
7 Que la lumière est douce, et que c’est bon de voir de nos yeux le soleil ! 8 Même après de nombreuses années, que l’homme sache les savourer toutes ; mais qu’il garde en tête les jours sombres : pour l’avenir rien n’est sûr.
9 Connais le bonheur, garçon, alors que tu es jeune ; dirige bien ton cœur aux jours de ta jeunesse. Choisis toi-même ton chemin, comme il te semble meilleur, sans oublier que Dieu te demandera compte de tout. 10 Ne laisse pas l’amertume s’installer chez toi, ni la maladie dans ton corps : jeunesse et cheveux noirs sont traîtres !
Ce paragraphe s’adresse au jeune qui veut réussir. Jeter son pain sur l’eau : c’était peut-être une façon de dire: se lancer dans le commerce maritime; cela signifie peut-être un partage des bénéfices et du risque.
Que la lumière est douce ! Ici commence un merveilleux éloge de la vie. L’Ecclésiaste ne voit pas comment justifier l’action de Dieu, mais il le retrouve dans l’ordre du monde. Un ordre à respecter, sans doute ; mais il nous dit que la beauté de la nature invite l’homme à créer et à aller jusqu’au bout de ses désirs. On a le droit de s’étonner quand on voit que bien des prédicateurs ont voulu faire dire à l’Ecclésiaste : Pensez à la mort et fuyez le bonheur du monde ! Ici c’est l’action de grâces et l’appel à la liberté.
Souviens-toi de ton créateur au temps de ta jeunesse. Ce ne sera pas le moment de recourir à Dieu quand nos forces et nos plaisirs seront épuisés : “la belle n’a plus trouvé d’amants, la belle est entrée au couvent”. Mais pourquoi se souvenir de son Créateur ? Parce que ce souvenir, qui deviendra peu à peu en nous une présence, est une des conditions de notre joie. L’amertume de la vieillesse n’affecte pas ceux qui ont choisi Dieu dans leur jeunesse ; à la fin de leur vie ils pourront répéter les paroles du Psaume : Je monterai vers Dieu, le bonheur de ma jeunesse.