1 Je peux bien parler les langues des hommes, et aussi celles des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis comme la trompette ou la cymbale : du bruit et rien de plus.
2 Je peux prophétiser et découvrir tous les mystères et le plus haut savoir ; je peux avoir la foi parfaite jusqu’à transporter les montagnes ; si je n’ai pas l’amour je ne suis rien.
3 Et si je donne tout ce que j’ai, si je me sacrifie moi-même, mais pour en tirer gloire et sans avoir l’amour, cela ne me sert de rien.
4 L’amour sait attendre, l’amour est compréhensif et il n’est pas jaloux. L’amour ne s’enfle pas, il ne se fait pas valoir ; 5 il n’a rien que de noble et ne cherche pas son intérêt. Il ne se met pas en colère, et il oublie le mal.
6 Il ne se réjouit jamais de ce qui est injuste et prend plaisir à la vérité. 7 Il résiste à tout, il croit tout, espère tout et supporte tout.
8 L’amour ne passera pas, tandis que les prophéties auront un terme, et les langues cesseront, et le plus haut savoir sera oublié.
9 Car le savoir est partiel et la prophétie ne dit pas tout. 10 Quand viendra ce qui est parfait, tout ce qui est partiel sera éliminé.
11 Quand j’étais enfant, je parlais comme les petits enfants, je jugeais et je raisonnais comme les petits enfants. Mais quand je suis devenu adulte, j’ai abandonné toutes les choses de l’enfant.
12 Aujourd’hui nous voyons les choses comme dans un mauvais miroir, et il faut les deviner. Mais un jour je verrai face à face. Aujourd’hui je connais en partie, mais un jour je connaîtrai comme je suis connu.
13 Pour l’instant, donc, ce qui vaut c’est la foi, l’espérance et l’amour. Mais le plus grand des trois est l’amour.
Je vais vous montrer le chemin par excellence (12,31). Paul dit aux Corinthiens, éblouis par tout ce qui est extraordinaire ou merveilleux, que rien n’égale l’amour véritable.
Amour ou charité ? Au début les deux mots avaient le même sens, mais au fil des années, “charité” en est venue souvent à désigner l’aumône, oubliant que le don ne contient pas nécessairement l’amour. D’autre part, pour beaucoup aujourd’hui, le mot “amour” est lié aux relations sexuelles, dans un sens souvent très étroit.
Ce qui importe, ce n’est pas de parler de charité ou d’amour, mais de dire en quoi ils consistent : c’est ce que Paul fait ici.
Je peux bien parler. Il est plus important d’aimer que de faire des miracles, que de faire beaucoup pour autrui ou de se sacrifier pour une cause (ce qui peut se faire parfois sans amour).
L’amour ne passera pas (8). L’amour est la seule chose que nous emporterons avec nous à la fin de la vie.
Quand j’étais enfant. Déjà Paul ébauche ce qu’il expliquera au chapitre 15 quand il parlera de notre vie après la Résurrection. De même que la chenille doit se défaire tout entière pour devenir papillon (il ne suffit pas qu’il lui pousse des ailes), et de même que les jeux de l’enfant n’ont plus aucun sens pour l’adulte, de même toute notre vie actuelle : travail, étude et amours, connaissance de Dieu et du monde, vie d’Eglise, ne sera plus qu’un passé oublié. Paul a connu un amour de Dieu qui l’envahissait, passait à travers lui et divinisait ses moindres désirs, et il sait que cela, c’est déjà la possession de Dieu, et c’est de l’éternel : l’amour ne passera pas.
La foi, l’espérance et l’amour (13). Paul unit souvent ces trois “vertus”, ces trois mouvements de l’âme chrétienne. Il ne le fait nulle part plus clairement qu’ici. Il n’y a pas d’amour authentique sans la foi et l’espérance.
Le plus grand des trois est l’amour. On se sert parfois de cette déclaration de Paul pour fausser ce qui est spécifiquement chrétien. Certains disent : “Je fais du bien à mon prochain, que peut-on me demander d’autre ?” Mais il serait facile souvent de prouver que cet “amour” est bien pâle, limité et impur. C’est un “amour” où l’amour divin est si peu chez lui qu’il ne transforme pas notre vie. Il nous aurait fallu d’abord l’espérance au sens chrétien, qui est une passion pour les choses d’éternité.
L’amour atteindra la perfection quand nous serons en présence de Dieu : Je connaîtrai comme je suis connu. Tant que nous ne voyons pas Dieu, l’amour ne peut tenir toutes ses promesses, de sorte que nous devons grandir par la foi et la connaissance de la parole de Dieu. Et il nous faudra l’espérance, qui est persévérance dans le chemin de Jésus pauvre, libre, fidèle dans les épreuves.