Cette crise dans l’Église du premier siècle nous a valu la présente lettre de Paul, dans laquelle il établit la suprématie absolue du Christ. Un texte, en particulier, attire l’attention, l’hymne qui commence en 1,15. Paul y exprime la louange au Christ, point de contact entre Dieu et l’univers ; la création s’est faite à travers sa personne, elle ne se maintient qu’en lui ; c’est grâce à lui qu’elle trouvera son sens et son intégration dans le mystère éternel. Face aux sagesses prétendues révélées, Paul établit la supériorité de la foi, laquelle ne se contente pas de constructions savantes, mais nous met en contact avec une personne vivante. Comme dans Romains 5-7, mais sans recourir aux argumentations qui tissaient cette lettre, Paul montre que l’âme chrétienne se meut dans un monde qui n’est plus celui des religions, mais celui des enfants de Dieu à qui l’Esprit divin a été communiqué. Comme d’autres épîtres de Paul, la lettre aux Colossiens mentionne Timothée à ses côtés (1,1). Paul l’avait choisi pour assistant et le considérait comme son “vrai fils dans le Christ”. Peut-être Timothée a-t-il eu une part dans la rédaction de cette lettre, ce qui expliquerait un certain renouvellement du style. Mais il faut aussi se rappeler que Paul, détenu à Césarée, n’a pas un espace propre et qu’il dicte un texte que son auxiliaire écrira ailleurs. Cela suffit pour qu’il ne s’exprime pas de la même façon : voir l’Introduction aux Lettres de la Captivité. Le contenu de la lettre n’est rien d’autre que du « Paul » ; celui qui voudra approfondir la lecture et s’ouvrira à l’esprit de l’auteur ne doutera pas qu’il a affaire, non à un disciple, sinon à l’apôtre, témoin direct du Christ ressuscité.