De l’indépendance à la colonisation.
L’arrivée de Pompée en Syrie marqua la fin du royaume séleucide et la perte du pouvoir royal et sacerdotal pour Hyrcan II. Après quelques mois de troubles vite réprimés, la Palestine fut confiée à Antipatros, l’ancien premier ministre, qui reçut le titre de gouverneur romain de Judée, et Hyrcan, le roi déchu, fut déclaré grand-prêtre à titre héréditaire. Durant les luttes qui opposèrent une fois de plus Rome aux Parthes, Hérode, fils d’Antipatros sut gagner la faveur du sénat romain qui par décret le nomma roi de Judée. La Palestine passait alors du statut de province romaine à celui de”royaume allié”.
Hérode gouvernait, mais Rome veillait, maniant avec habileté le bâton et la carotte. Dans ce jeu de chat et de souris, Hérode donna la preuve de son talent. Lorsqu’à la mort d’Hérode, ses fils se déchirèrent pour s’accaparer l’héritage paternel, Rome ne laissa à Hérode Antipas que le titre et la charge de tétrarque de Galilée, et retira à Archélaüs au vu de sa gestion désastreuse son titre d’ethnarque; la Judée passa alors sous l’autorité directe d’un préfet romain. La Palestine était divisée désormais en deux entités politiques différentes: la Galilée gardait un statut proche de celui des”royaumes alliés”, la Judée retrouvait sa condition de province romaine.
Royaume allié
Hérode Antipas avait en sa qualité de tétrarque une totale indépendance dans la gestion de son territoire, tant que ses décisions ne contrevenaient pas à la politique impériale: il frappa monnaie tout en respectant les sensibilités juives (ses monnaies ne portaient pas de figurine de quelque être animé que ce fut), il construisit plusieurs villes dont Tibériade qu’il dédia par flagornerie à l’empereur et sa famille. Il avait pouvoir de percevoir des impôts et de lever une armée, dont il n’usait cependant que sous le contrôle de Rome. Prince allié de Rome, il était lié par un traité d’assistance mutuelle.
La Judée, province romaine
Soucieux de ne pas porter ombrage aux institutions juives, le préfet de Judée laisse aux tribunaux de province et au Sanhédrin leur pouvoir judiciaire et se réserve le droit de décider la peine capitale. Étant donné l’importance du Sanhédrin qui fait fonction de représentant des Juifs auprès du pouvoir romain, le préfet se réserve encore le choix du Grand-prêtre.
Hérode avait pressuré le peuple de Palestine afin de réaliser ses projets démesurés: agrandissement du Temple, construction de Césarée-sur-Mer et de son port, Sébaste, restauration des forteresses asmonéennes, etc. Il lui fallait encore une importante fortune pour satisfaire ses goûts de luxe, sa vie de débauche et ses nombreuses libéralités pour s’attirer et se garder les faveurs des grands du moment. Rome se fit verser ces impôts et taxes, qui venaient s’ajouter aux redevances exigées pour le Temple. L’ensemble de ces impôts étaient récoltés en accord avec le gouverneur romain par le Sanhédrin secondé par toute une foule de publicains. Dans un pays qui restait épuisé après les dépenses somptuaires d’Hérode-le-Grand et de ses fils, une telle fiscalité ne faisait qu’ouvrir les voies à la révolte.
Jusqu’à sa disparition ce Temple fut le lieu vers lequel”montaient les tribus d’Israël” . C’est là que Dieu avait choisi de faire habiter son Nom (1R 8,29).
Depuis le règne de Salomon jusqu’en 70 de notre ère, soit durant près de 1000 ans le Temple s’est dressé sur la”montagne sainte” en plein cœur de Jérusalem. Seules la destruction de la Ville sainte en 586 av. .J.C. et les cinquante années de captivité à Babylone marquèrent interrompirent cette présence.
Par l’ordonnance concentrique des différents parvis, groupés autour du Saint des Saints l’architecture du Temple de Jérusalem exprimait dans l’espace la vision que la Révélation de l’Ancien Testament propose de la marche de l’Histoire. La terre et le ciel appartiennent à Dieu; c’était une évidence première: Les cieux, les cieux des cieux, la terre et tout ce qu´elle contient, appartiennent à Yahvé ton Dieu (Dt 10,14). Mais au milieu de cette terre qui appartient à Dieu, il y a un pays privilégié, une Terre que Dieu a donné en héritage à son peuple (1R 8,16). Et au centre de cette Terre promise, Jérusalem, la ville que Yahvé a choisi pour y faire habiter son Nom: le Seigneur aime les portes de Sion plus que nulle autre demeure en Jacob (Ps 87,2). Enfin, au cœur de cette ville unique, se trouve la Demeure de Dieu, sur la Sainte Montagne.
L’esplanade du Temple formait un vaste rectangle approximatif d’environ 500 m sur un peu moins de 300 m. dont la partie extérieure était ouverte à tous. Mais une inscription en grec menaçait de mort tout”non-juif” qui se hasarderait à franchir le muret qui séparait ce parvis des Gentils de la zone centrale réservée à Israël.
Jusqu’à sa disparition ce Temple fut le lieu vers lequel”montaient les tribus d’Israël” et où officiaient prêtres et lévites selon un rituel dont le livre du Lévitique nous donne une description détaillée (Lv 1,7).
Selon la tradition mosaïque, la tribu de Lévi avait mérité par sa fidélité à Moïse de servir Dieu en son temple (Ex 31,26-29) et c’est aux fils de Lévi que le 1 er Livre des chroniques rattachent prêtres et lévites: les premiers descendant de deux des fils d’Aaron: Eléazar et Itamar, les seconds descendant des autres branches de la tribu. A l’époque intertestamentaire, les prêtres sont répartis en 24 classes de 300 assurant tour à tour le service tu temple durant une semaine. Durant les trois grandes octaves de l’année, Pâques, Pentecôte et Tentes, l’abondance des sacrifices nécessitait la présence des 7200 prêtres. Les Lévites, chargés d’emplois subalternes, plus nombreux encore, se répartissaient également en 24 classes.
Il est plus que probable que la réforme religieuse entreprise à partir de 622 par le roi Josias ait été la véritable cause de la situation faite aux lévites au temps du Nouveau Testament. En effet la fermeture des sanctuaires de province par le roi privait de toute fonction sacerdotale les prêtres lévites qui les desservaient. Ces derniers se replièrent donc sur Jérusalem où les prêtres en place ne leur laissèrent que les tâches secondaires. Privés de l’accès à l’autel, beaucoup d’entre eux retrouvèrent un emploi plus gratifiant dans les services administratifs du Temple: gestion économique, juges ou scribes attachés à l’activité judiciaire dans les affaires religieuses, d’autres encore se mirent à parcourir les campagnes pour enseigner le peuple, tandis que certains d’entre eux restés à Jérusalem assuraient le commentaire de la Loi.
Ce nombreux clergé était placé sous l’autorité du Grand Prêtre. A partir de la guerre sainte initiée en 167 av. J.C. par Mattathias contre les Séleucides, la charge de Grand prêtre fut assumée par ses descendants qui cumulèrent ainsi responsabilité politique et responsabilité religieuse. Et lorsque la Communauté juive perdit son indépendance nationale avec l’arrivée de Pompée, ce fut Rome qui donna l’investiture aux Grand prêtre de son choix.
Avant même les premières lueurs de l’aube les prêtres étaient réveillés par l’un des veilleurs de nuit. Le sort désignait parmi les volontaires ceux à qui incomberait l’offrande du sacrifice du matin. Après avoir nettoyé et préparé l’autel, le sort encore fixait la répartition des différentes tâches, et lorsque le jour pointait, on donnait l’ordre d’offrir le sacrifice, tandis que l’on ouvrait la porte du Sanctuaire: les prêtres commis à cet office immolaient l’agneau, répandaient son sang autour de l’autel et déposaient les morceaux de la victimes les galettes de farine et le vin des libations sur la rampe de l’autel. Reprises par d’autres prêtres ces offrandes étaient maintenant portées sur l’autel, où l’on prélevait des charbons incandescents qui serviraient au sacrifice de l’encens célébré sur l’autel intérieur. Ce sacrifice quotidien s’achevait par la bénédiction du peuple donnée par tous les prêtres présents prononçant ensemble, les bras étendus, les derniers versets du Ch.6 du Livre des Nombres. Cette bénédiction n’était donnée que le matin.
Durant toute la journée se succédaient les sacrifices divers demandés par les fidèles à une occasion ou à une autre: offrandes volontaires, sacrifice de communion, sacrifices pour le péché, présentation d’un enfant, purification d’une femme ayant accouché, reconnaissance de la guérison d’un lépreux, accomplissement d’un vœu, etc.
Vers la neuvième heure (trois heures de l’après-midi), on célébrait le second sacrifice quotidien, selon un rituel semblable à celui du matin.
Le jour de sabbat, le sacrifice du matin habituel était suivi de l’offrande de deux moutons, accompagné du chant du ch.32 du Deutéronome par les chantres lévites.
Durant la semaine qui précédait la fête de Yom Kippour, le Grand prêtre venait résider dans les annexes du Temple. Après une nuit de veille où il se faisait lire de nombreux textes de la Bible, alors que l’aube blanchissait à peine il célébrait le premier sacrifice quotidien, puis il revêtait la sainte tunique de lin, et sur le corps des caleçons de lin, il se ceignait d’une ceinture de lin et se coiffait d’un turban de lin. Après s’être lavé tout entier dans l’eau, il revêtait ses habits sacrés (Lv 16,5). Il imposait les mains sur le taureau de l’holocauste en confessant son péché, confessait encore les péchés du clergé, et enfin ceux de tout le peuple. Deux boucs étaient choisis, l’un pour le Seigneur, l’autre pour le démon Azaël; on immolait le taureau et le premier des boucs et le Grand prêtre entrait alors dans le Saint de Saints pour en faire l’aspersion avec le sang des victimes, pendant que l’on conduisait le second bouc au désert pour le précipiter du haut de l’escarpe rocheuse, dans la vallée du Cédron.
Au premier jour de la fête des Tentes, les prêtres descendaient à la piscine de Siloé pour y puiser de l’eau dans une cruche d’or, remontaient vers le Temple, y pénétraient par un passage secret et répandaient ensuite l’eau en libation sur l’autel. Et ce rituel se répétait chaque jour de la semaine. Les pèlerins laissaient alors éclater leur joie, agitant leurs lulab (palme à laquelle on joignait des rameaux de saule et de myrte, et un cédrat, sorte de citron vert) tout en chantant le Grand Hallel (Ps 113 à 118). Quatre chandeliers d’or, allumés dans le parvis des femmes, illuminaient la ville entière; c’était ainsi tout à la fois la fête de l’eau et celle de la lumière, à laquelle le psaume 118 donnait une connotation messianique
Le rituel de Pâques au Temple avait ceci de particulier que les fidèles immolaient eux mêmes leur agneau, mais comme il revenait aux seuls prêtres de verser le sang du sacrifice sur l’autel, cette immolation des agneaux nécessitait la présence de tout le clergé.
Lorsque la veille de la Pâque tombait un vendredi, le sacrifice quotidien était avancé d’une heure en raison de l’abondance d’agneaux à immoler et permettre aux gens de les rôtir avant la nuit où commençait le repos sacré du sabbat C’est ainsi que Jésus, l’Agneau de Dieu fut immolé sur le bois de la Croix à l’heure même où commençait la grande immolation des agneaux.
La force symbolique des temples dans les sociétés religieuses du Proche Orient ancien a bien souvent permis au clergé de se constituer en État dans l’État face au pouvoir politique: les démêlés du pharaon Akhenaton avec le clergé de Thèbes en est la parfaite illustration. Il n’est donc pas étonnant que le Temple de Jérusalem et son clergé ait été mêlés de si près aux événements de la Première Révolte juive entre 66 et 70 de notre ère.
La construction du Temple qui au temps de Jésus avait déjà nécessité 46 ans de travail (Jn 2,20), mobilisa 18.000 ouvriers aux dires de l’historien Flavius Josèphe. Comme la Loi n’autorisait qu’aux seuls prêtres l’accès à certaines parties de l’esplanade du Temple (parvis des prêtres et Sanctuaire) ce furent des prêtres qui après s’être initiés à l’art de la charpente et de la maçonnerie exécutèrent les travaux dans ce secteur. C’est donc une entreprise de construction de près de 20 000 ouvriers qui durant des décennies œuvra pour l’un des plus importants chantiers de l’époque.
A la gestion de cette entreprise s’ajoutait celle des fonds qui parvenaient au Temple et qui était constitués par l’impôt du Temple (Mt 17,24) versé par les Juifs de Palestine comme par ceux de la Diaspora, auquel s’ajoutaient les dons spontanés que les fidèles faisaient en particulier lors des grandes fêtes de pèlerinage. Enfin la Temple jouait encore le rôle de Caisse de Dépôt et à ce titre renfermait un trésor parallèle considérable.
Chantier et finances se trouvaient ainsi sous la haute responsabilité du Grand prêtre et de son adjoint le Commandant du Temple. Rome devait donc compter avec le Temple et le clergé, mais ces derniers devaient à leur tour compter avec ceux dont la convoitise, nourrie par une extrême pauvreté, pouvait à tout moment se réveiller à l’appel de meneurs.
Qu’il réside en Palestine ou quelque part dans le vaste empire romain, le Juif vit de la même fidélité à la Loi, du même respect des traditions ancestrales. Mais son cadre de vie diffère parfois considérablement.
Si l’on fait exception de Jérusalem qui depuis les Séleucides et plus particulièrement sous l’impulsion d’Hérode le Grand s’est reconstruite sur le modèle des métropoles gréco-romaines, le pays garde sa physionomie traditionnelle.
Dans le village l’habitat est des plus modestes. La maison comporte habituellement deux pièces, la salle commune et le cellier. La nature généralement accidentée du terrain permet de creusé le cellier dans la marne où la roche de la colline sur laquelle s’étage le village; ainsi quelque soit la période de l’année, on conservera les vivres et le vin dans un endroit frais. En avant de cette sorte de grotte artificielle que constitue le cellier, on édifie la pièce d’habitation proprement dite; ses mûrs sont de briques de terre cuites au soleil, la couverture es faite de branches ou de palmes entrecroisées sur lesquelles on étale une boue argileuse. La fragilité de cette toiture nécessite un entretien constant. C’est dans la pièce commune, de quelques mètres carrés, que l’on vit, que l’on prend son repas lorsque la clarté du jour tombe ou durant les froidures de l’hiver.
On ne voit pas de meubles dans les maisons de village; c’est un produit de luxe. Par contre les amphores, les cruches et les jarres sont nombreuses car c’est dans ces poteries de taille diverse que l’on conserve nourriture, huile, eau, vin, habits, denrées ou objets divers dont use la famille. Toutes ces jarres sont habituellement posées sur une partie légèrement surélevée de la pièce unique pour les protéger des risques qu’entraînent les allées et venues des uns et des autres
Là où la terre est cultivable, une population agricole, composée habituellement de petits propriétaires partage son labeur entre les champs, les vergers et les troupeaux. A côté de l’âne qui est le premier parmi les bêtes de somme, on élève volailles, chèvres et moutons, et plus rarement les bovins. Dans les villages situés en bord de mer comme dans ceux qui s’égrainent autour du Lac de Tibériade, nombreux sont les hommes qui vivent de la pêche.
Les villages abritent parfois, surtout s’il sont de quelque importance, un ou plusieurs artisans tels que maçons, charpentiers ou corroyeurs. Le reste des besoins est assuré par la famille qui profite du temps libre que lui laisse le travail des champs ou la garde du troupeau. Si l’on achète les sandales ou la ceinture de cuir, c’est à la maison qu’on confectionne les vêtements de tous les jours. Pour les hommes une tunique à mi-jambe composée de deux pièces de tissu rectangulaires, cousus sur les côtés et laissant des ouvertures pour la tête et les bras; elle est serrée à la taille dans une ceinture. Une pièce de tissus triangulaire nouée autour des reins fait fonction de sous-vêtement. Les femmes portent la tunique longue qui les dispense de sous-vêtement. Lorsque l’hiver arrive, hommes et femmes ne sortent pas sans une cape de laine dans laquelle ils s’enveloppent
Cette population rurale vit de sa production, elle en consomme la plus grande part et fait commerce du reste sur les marchés des quelques villes méritant ce nom. Ainsi olives, laitues, oignons, figues, amandes et raisins forment avec les céréales (orge, épeautre et seigle) la base de la nourriture, à laquelle s’ajoute le poisson ou la viande en certaines occasions.
Dans les campagnes un artisan peut s’adjoindre quelques ouvriers, il en va de même pour les pêcheurs du bord du Lac comme on le voit pour Zébédée, mais le nombre des salariés reste toujours modeste.
Quelques grands domaines terriens font exception. Un régisseur commande alors un certain nombre d’esclaves et fait appel pour les travaux saisonniers à des journaliers qu’il recrute sur les places de village. En ville, les chantiers de construction peuvent mobiliser par fois un nombre considérable d’ouvriers car à côté des hommes de métier, maçons, charpentiers, tailleurs et sculpteurs de pierre, il y a la foule des manœuvres, habituellement esclaves, qui chargent et déchargent les chariots, amènent les pierres à pied d’œuvre, ou les hissent sur les échafaudages.
La législation juive assure aux esclaves un statut très favorable en comparaison du sort que leur réservent le monde romain; il faut toutefois distinguer esclave juif et esclave non-juif. Pour les premiers, la loi prévoit de nombreuses mesures de protection contre les abus des maîtres, et là encore il est important de souligner comment le modèle divin à jouer: les prescriptions concernant les esclaves sont assorties d’une référence à la façon dont Dieu a libéré son peuple de l’esclavage de l’Égypte (Lv 25,35-43; Dt 15,13-15). Le maître devra non seulement rendre la liberté à son esclave juif au terme de six années de service, mais de plus il lui partagera une partie de ses biens; durant le temps de son service on ne lui imposera pas de travaux ou de tâches humiliantes, mais il sera traité comme un frère.
Face au travail manuel, il n’y a point de différence entre l’homme libre et l’esclave aux yeux des Docteurs de la Loi et les rabbins ne se sentent pas déshonorés de travailler de leurs mains. Par contre pour nombre d’entre eux, certains métiers sont déconsidérés car, comme l’affirment plusieurs textes de la Mishna, ce sont des métiers de voleurs.
Conscients des difficultés qu’avaient rencontrées ses prédécesseurs pour tenir en main des empires qui allaient parfois de la Mésopotamie à l’Égypte, en passant par l’Asie antérieure, les Perses entreprirent de construire des routes. Certes les voies de passage ont existé de tout temps, mais il ne s’agissait que de chemins de terre déblayés et damés qui dès les premières pluies devenaient impraticables. C’est donc aux Perses que l’on doit le premier réseau routier du Proche-Orient digne de ce nom, c’est à dire avec des soubassements bien établis sur lesquels reposent les dalles de pierre de la route. Praticables en tout temps, elles permettent de rallier rapidement les grandes métropoles de l’empire. Ce travail entrepris tout d’abord avec une visée stratégique, devait cependant favoriser le développement du commerce et des idées.
Le mouvement initié au 6 ème av. J.C. par les Perses allait connaître une expansion considérable avec l’arrivée des Romains: les routes se multiplièrent, reliant maintenant les nombreuses villes qui avaient vu le jour avec la diffusion de l’hellénisme au Proche-Orient, de plus elles gagnaient en qualité et en sécurité grâce aux légions romaines qui en recevaient désormais la maintenance.
On est parfois surpris de constater l’ampleur et la fréquence des déplacements de tous ordres aux plus beaux jours de Rome. Par terre et par mer, voyageurs, négociants et militaires sillonnaient les rives de la Méditerranée, de l’Espagne à l’Égypte.
La Palestine ne devait pas rester étrangère à ces mouvements de population et la seule motivation des pèlerinages mettait tout au long de l’année de nombreux Juifs sur les routes. Pour la population des campagnes la montée à Jérusalem à l’occasion des grandes fêtes donnait en outre à la démarche religieuse le goût d’une évasion de la monotonie quotidienne. Alors, à Pâque, à la Pentecôte ou aux jours des Tentes, on pouvait voir, quittant les villages par des chemins de terre des caravanes plus ou moins importantes regagner au plus court les voies romaines qui les conduiraient à la Ville Sainte.
Au cours du 1er millénaire av. J.C. un phénomène nouveau marque de façon décisive l’histoire de la Communauté juive. En effet, dès le 8ème siècle av. J.C. la peur de l’Assyrie jette sur les routes de l’exode une partie de la population du royaume du nord. Dans les siècles à venir, d’autres événements douloureux provoqueront de nouveaux départs: affrontements avec les Séleucides d’Antioche, oppositions à l’intérieur même du Judaïsme palestinien, répression par Rome des deux grandes révoltes juives, pour ne retenir que les plus notables. Ces communautés où se regroupent les immigrés formeront ce qu’il est convenu d’appeler la Diaspora juive.
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