Simon, un autre fils de Mattathias, avait pris la relève dès l’incarcération de Jonathan. Il continua la lutte contre les Séleucides, chassa définitivement la garnison grecque qui occupait encore la Citadelle de Jérusalem; en s’emparant du territoire de Joppé, il se donna un débouché précieux sur la Méditerranée; il obtint d’Antioche l’exemption de tout impôt et, le premier depuis le début de la révolte, il frappa sa propre monnaie.
Simon reçut par un décret officiel émanant”des Juifs et des prêtres”, et daté de l’an 140, le titre de Prince et de Grand Prêtre des Juifs. Ainsi, la Communauté juive retrouvait sous l’autorité de Simon une totale autonomie, et sur le plan religieux, et sur le plan politique.
La famille de Mattathias était donc installée à la tête de la Communauté de Jérusalem ou plus exactement de l’état d’Israël; car c’est bien d’un état qu’il s’agissait à présent, et dans cette famille le pouvoir allait se transmettre de façon héréditaire, comme on allait le voir bientôt à la mort de Simon: ses descendants sont passés à l’histoire sous le nom d’ Asmonéens .
Durant tout le règne de Simon, le pays fut en paix. Chacun travaillait ses champs, tranquille. Le sol donnait ses produits et les arbres des champs leurs fruits. Assis sur les places publiques, les vieillards parlaient de la prospérité présente et les jeunes gens se plaisaient à revêtir des tenues de guerre. Simon rendit la paix au pays et Israël connut des temps heureux. Chacun put s’asseoir, qui sous sa vigne, qui sous son figuier sans que nul ne l’inquiète (1M 14,4-12).
Un tel éloge du gouvernement de Simon peut laisser croire que tout était au mieux dans le meilleur des mondes. En réalité beaucoup de Juifs voyaient d’un mauvais œil les pouvoirs militaire, politique et religieux réunis dans les seules mains d’un souverain étranger à la dynastie de David comme à celle de Sadoc.
Les premières dissensions apparurent dans la Communauté juive lorsqu’en 153 Jonathan accepta d’Alexandre Balas le titre de grand prêtre. En effet Jonathan appartenait bien à la tribu de Lévi, à la descendance d’Aaron, mais il n’était pas de la lignée de Sadoc, la seule habilitée par une tradition ancestrale à donner un grand prêtre à Israël: dès lors Jonathan passait aux yeux des éléments les plus religieux de la Communauté, les Hassidim, pour un grand prêtre illégitime. À cela s’ajoutait sa condition de chef de guerre qui l’amenait à contracter de nombreuses impuretés rituelles incompatibles avec la dignité sacerdotale. Les ambitions politiques et la dérive morale de la dynastie royale sous les règnes suivants firent le reste: ces Hassidim prirent dès lors leurs distances vis-à-vis du pouvoir politique et formèrent le mouvement pharisien (les séparés).
Dans le même temps et pour les mêmes raisons un certain nombre de laïcs et de prêtres s’éloignèrent du temple de Jérusalem où pontifiait maintenant un grand prêtre illégitime, indigne de surcroît, et gagnèrent la Mer Morte pour y mener une vie de fidélité totale à la Loi de l’Alliance: ils sont à l’origine de la Communauté de L’Alliance, plus connue sous le nom de Communauté de Qumrân.
Le gendre de Simon voulait prendre le pouvoir. En l’an 104 il l’attira avec ses deux fils dans la forteresse de Dok et là il les fit mettre à mort. Mais Jean, un autre fils de Simon, échappa aux meurtriers (1Ma 16,21) et le système dynastique fonctionna sans accroc: selon la volonté du peuple, exprimée quelques années plus tôt, il monta sur le trône sous le nom de Jean Hyrcan I.
En 138, Démétrius II ayant été fait prisonnier par les Parthes, Antiocus VII Évergète l’avait remplacé sur le trône de Syrie. Le nouveau souverain ne pouvait se résoudre à la perte de la Palestine; aussi, malgré traités, promesses et garanties signées par ses prédécesseurs, il envahit la Judée et vint mettre le siège devant Jérusalem où Hyrcan s’était réfugié. Antiocus n’était pas en situation de s’emparer de la ville, et un accord fut conclu.
Peu après, Antiocus mourut dans la campagne qu’il avait engagée contre les Parthes (128), et son frère fut incapable d’imposer ses armes en Palestine. Jean Hyrcan pouvait maintenant reprendre la politique de reconquête.
Le fils de Simon se tourna d’abord vers la Transjordanie où il s’empara de plusieurs villes; traversant de nouveau le Jourdain, il ruina Sichem; le temple du Garizim fut rasé et le pays ramené de gré ou de force dans le droit chemin de l’observance de la Loi. L’opposition cependant restait forte; c’est ce qui valut à Samarie, la capitale de la région, d’être complètement ravagée en 107. Durant ce temps le sud de la Palestine, l’Idumée, fut également conquise et ses habitants obligés à se faire circoncire. Jean Hyrcan s’empara encore de Jamnia, d’Azotos, et de leurs environs, élargissant ainsi sa fenêtre sur la Méditerranée. L’aide de Rome lui permit de maintenir conquêtes et indépendance.
Les raisons qui avaient conduit les Pharisiens à prendre leurs distances vis-à-vis du père, ne firent qu’empirer avec le fils. Jean Hyrcan, qui avait des sympathies marquées pour l’hellénisme, trouva tout naturellement auprès des Sadducéens de meilleurs alliés. Les Sadducéens, qui doivent probablement leur nom à Sadoq, grand prêtre qui consacra Salomon et remplit sa charge dans le temple nouvellement construit, avaient montré leur penchant pour l’hellénisme dès avant la révolte maccabéenne. Paradoxalement, ils se voulaient conservateurs en matière religieuse, pour eux seule comptait la Loi; ils rejetaient donc la tradition orale contrairement aux Pharisiens qui y attachaient une importance égale à celle de la Thora. Ainsi, les Sadducéens ne croyaient pas à la résurrection des morts qui leur paraissait une nouveauté, alors que les Pharisiens y adhéraient au nom même de la tradition orale. Mais ce rigorisme des Sadducéens allait de pair avec une réelle ouverture dans les autres domaines: comme les princes asmonéens (les descendants des Maccabées), ils se montraient réalistes dans les affaires politiques comme sur le plan culturel.
Du fait que la charge de grand prêtre était maintenant assumée par le souverain, l’aristocratie sacerdotale qui assurait la vie cultuelle du temple de Jérusalem, se voyait obligée à composer avec le pouvoir politique qui s’appuyait de plus en plus dans l’administration du pays sur des notables ouverts à l’hellénisme.
Dès la mort de son père, Aristobule, l’aîné de ses fils, prend officiellement — et pour la première fois chez les Asmonéens — le titre de roi; il fait jeter sa mère en prison, ordonnant de l’y laisser mourir de faim. Trois autres frères sont également incarcérés. Le plus jeune, Antigone, est épargné et même associé pour un temps au pouvoir, mais bientôt, accusé auprès de son aîné, il est assassiné. Bien que son règne ne dure que deux ans, Aristobule a le temps de reconquérir la Galilée. À sa mort en l’an 103, sa veuve, Salomé Alexandra, libère les trois frères emprisonnés et installe l’aîné, qu’elle épouse, sur le trône. Dès le début le nouveau roi affiche ses sympathies pour la culture grecque en hellénisant son nom, il sera désormais connu, non plus sous le nom de Jonathan, mais bien d’Alexandre Jannée.
Alexandre reprend la politique d’expansion de ses devanciers. Il enlève le Carmel et la plaine de Saron et, au sud, Gaza et les territoires qui s’étendent de là vers l’Égypte (96). La même année, il s’empare de Gadara et d’Amathonte, en Transjordanie, mais bientôt, il subit une grave défaite face au roi de Nabatène. Les opposants d’Alexandre pensent que l’heure de l’insurrection a sonné; ils font même appel au roi d’Antioche, Démétrius III (95-88), mais un sursaut national sauve une fois encore la dynastie. C’est alors l’extermination sauvage des mécontents. En 83, Alexandre parachève la conquête de la Transjordanie par la prise de Gérasa, Pella et Dion. À toute les villes qu’il a reconquises, Alexandre impose le Judaïsme par la force: dans de telles conditions l’unité du royaume ne pouvait être que fragile. Pour réprimer les mouvements insurrectionnels, il s’appuya sur des mercenaires venus d’Asie Mineure.
On pouvait espérer que le souvenir de la barbarie de son frère Aristobule, dont il avait lui-même pâti ainsi que sa mère et ses frères, ferait naître chez le roi des sentiments plus nobles: il n’en fut rien. Alexandre Jannée imposa son autorité par la terreur et réduisit au silence toute opposition par des représailles d’une telle cruauté, que les succès militaires par lesquels il redonnait pourtant à Israël ses frontières du temps de Salomon, ne les firent pas oublier de ses contemporains. Il fit ainsi massacrer 6 000 Pharisiens pour venger l’affront qu’il avait subi lors d’une célébration de la fête des Tentes alors qu’il officiait comme grand prêtre dans le temple. Quelque temps plus tard, il fit crucifier 800 de ses opposants, faisant égorger sous les yeux des suppliciés leurs femmes et enfants, tandis que lui-même banquetait avec ses maîtresses et ses courtisans au pied des croix.
Lorsque mourut Alexandre Jannée, sa veuve, Salomé Alexandra, exerça le pouvoir comme il l’avait lui-même décidé. Puisqu’elle ne pouvait pas être”le” grand prêtre, elle confia cette charge à l’aîné de ses fils, Jean Hyrcan II. Durant les neuf années que dura son règne, Alexandra conduisit avec habileté les affaires du royaume, cherchant à tout prix à maintenir la paix.
Avec l’appui de la reine, les Pharisiens étaient entrés dans le grand Conseil du Sanhédrin, qui n’était ouvert jusque là qu’aux Anciens et à l’aristocratie sacerdotale (les Sadducéens). Leur accès au pouvoir s’opérait aux dépens des Sadducéens. Un groupe de mécontents trouva un leader dans la personne d’Aristobule II, le frère du grand prêtre. Il prit la tête de l’opposition au gouvernement de sa mère, contestant l’emprise croissante des Pharisiens dans les affaires du pays. Salomé Alexandra sut encore éviter le pire, mais lorsqu’elle mourut en 67 les différends tournèrent à la guerre civile.
Jean Hyrcan II était l’aîné, et le trône lui revenait de droit, mais Aristobule, son frère, était d’une tout autre taille. Le jour même où sa mère avait été frappée par la maladie qui devait l’emporter, il avait fait main-basse sur vingt-deux places fortes du royaume, s’assurant ainsi la maîtrise des opérations. Il s’imposa donc peu à peu dans cette guerre civile. Contraint de capituler, Jean Hyrcan conclut un accord avec son frère: il lui laissait la couronne et se contentait de sa charge de grand prêtre.
C’est alors que tout fut remis en cause par l’arrivée sur scène d’un troisième homme. Un certain Antipater, un iduméen, marié à une princesse arabe nabatéenne, prit le parti de Jean Hyrcan; il savait le caractère insignifiant de ce prince, et il vit là l’occasion de satisfaire ses propres ambitions. Il connaissait bien la Nabatène, voisine de l’Idumée dont son père avait été gouverneur; il convint donc avec le roi Arétas de Nabatène de lui rendre les villes qui lui avaient été enlevées par Alexandre Jannée en échange du soutien armé qu’il apporterait à Jean Hyrcan. Aristobule cette fois fut contraint de battre en retraite et dut se replier dans Jérusalem où il s’enferma, assiégé par les troupes d’Arétas et d’Hyrcan.
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