Dès le début du 3ème millénaire, la vallée du Nil s’unifie politiquement et culturellement. Vers 2800 l’unité est acquise sous l’autorité des pharaons de l’Ancien Empire ; la capitale est alors Memphis aux portes du delta du Nil, à une trentaine de km au sud de l’actuelle ville du Caire. Le cèdre du Liban et la turquoise du Sinaï arrivent en Égypte et les artisans de tous métiers révèlent leurs talents dans des réalisations architecturales et artistiques qui font aujourd’hui l’admiration du monde entier. De cette période datent les trois grandes pyramides. La basse Mésopotamie, constituée d’États urbains indépendants, voit se développer la riche civilisation sumérienne. Tour à tour Umma puis Lagash tentent de s’imposer aux autres cités-états, mais leur réussite est de courte durée
Après quelques règnes glorieux, la décadence s’amorce en Égypte avec le trop long règne du pharaon Pépi II. Dans les provinces, les gouverneurs s’affranchissent de plus en plus du pouvoir royal, transmettant eux-mêmes à leurs descendants une charge administrative dont l’attribution est le privilège du pharaon. À l’extérieur, la situation se dégrade également : à l’est du Delta, l’Égypte est de plus en plus souvent harcelée par les bédouins.
En Mésopotamie, un roi d’Akkad triomphe du prince de Lagash ; il unifie la basse Mésopotamie et en quelques années construit un empire qui s’étend du Golfe Persique aux rives de la Méditerranée, englobant même l’île de Chypre. Durant près d’un siècle et demi, ses successeurs assureront le maintien de cet empire.
En Égypte, l’Ancien Empire a succombé aux crises intérieures nées de l’usure du pouvoir et sous les coups des incursions étrangères aux frontières : Hérakléopolis devient la capitale d’un royaume de basse Égypte, alors que dans la haute vallée Thèbes affermit progressivement son autorité. D’autres principautés tentent de garder leur indépendance dans la lutte d’influence qui oppose Hérakléopolis et Thèbes.
En Mésopotamie, l’empire d’Akkad s’est effondré sous les coups des Goutéens, descendus des montagnes orientales. Les villes sumériennes, Ourouk et Our en particulier, relèvent la tête, tandis que les cités de la côte, telle Ougarit, subissent les contre-coups de la ruine de l’empire akkadien.
En Égypte, Thèbes réunifie le pays à son profit, se fortifie sur ses frontières et engage le développement agricole du Fayoum : c’est le Moyen Empire. Pour parer à de nouvelles invasions venues de l’est, les pharaons du Moyen Empire établissent une ligne de fortifications à la limite de la presqu’île du Sinaï : c’est le « Mur du Prince ».
Les Goutéens expulsés de Mésopotamie, un prince d’Our, Our-Nammou, assure la renaissance de la civilisation sumérienne, fonde une troisième dynastie qui donnera son nom à cette période : l’époque d’Our III. Cet empire qui réunira les cités de moyenne et de basse Mésopotamie ne dure qu’un siècle environ et, lorsqu’il disparaît, la Mésopotamie se trouve morcelée, livrée qu’elle est aux différentes principautés de jadis qui toutes et chacune prétendent à l’hégémonie .
Des princes asiatiques franchissent le « mur du prince » et, profitant des techniques militaires empruntées aux Indo-Européens, en particulier le char attelé à deux chevaux, ils ruinent le Moyen Empire, s’avancent jusqu’en Moyenne Égypte, et ne laissent guère aux Pharaons que la haute vallée du Nil.
Dans le nord de la Mésopotamie s’impose pour quelques années un chef de bandes qui réunit sous son autorité l’Assyrie et la Babylonie septentrionale. Là encore, la tentative est de courte durée : au bout de 50 ans, Hammourabi, prince amorite — de ces nomades qui, sortant des terres désertiques, déferlaient sur les pays civilisés du Proche-Orient depuis le début du 2ème millénaire — fonde le premier empire babylonien.
C’est alors qu’apparaît en Anatolie une troisième grande puissance, l’Ancien Empire hittite, né d’une fusion entre les indigènes et les Indo-Européens présents dans la région depuis le début de ce 2ème millénaire.
Deux princes du sud, Kamosé et Ahmosé, chassent les Hyksos hors des frontières de l’Égypte et fondent le Nouvel Empire avec Thèbes comme capitale. De grands capitaines issus de la XVIII ème dynastie entreprennent des campagnes en Palestine et en Syrie et colonisent les petits royaumes de ces régions.
La puissance de l’Ancien Empire hittite s’affirme et, en 1530, un roi hittite n’hésite pas à mener un raid jusqu’à Babylone qu’il met à sac. Mais bientôt apparaissent sur ses frontières des envahisseurs venus des montagnes orientales et l’empire connaît une période de déclin dont il se relève à la fin du 15 ème siècle, avec l’avènement du Nouvel Empire hittite.
Plus à l’est, une aristocratie guerrière regroupant Hourrites et Aryens fonde un royaume qui s’étend sur l’Arménie, le nord de la Syrie et de la Mésopotamie. Sa capitale est Wassougani sur le Haut-Euphrate.
La destruction de Babylone par les Hittites laissent les mains libres aux Cassites qui descendent du plateau iranien, adoptent la civilisation des vaincus et fondent un royaume qui durant près de trois siècles sera l’une des quatre composantes de la géopolitique du Proche-Orient
La civilisation égyptienne semble atteindre son apogée, quand éclate la crise politique et religieuse : Akhenaton change de dieu et de capitale, mais à sa mort tout rentre dans l’ordre et l’Égypte, une fois de plus, impose son autorité en Syrie-Palestine où la bataille indécise de Qadesh sur l’Oronte met une limite à son expansion. En Mésopotamie, le royaume assyrien, qui vient de se reconstituer, se lance à la conquête de Babylone. Peu de temps après, la ville se révolte et le conquérant assyrien la détruit.
Bientôt Babylone se ressaisit, triomphe de l’Assyrie ; mais déjà déferle de tous côtés des envahisseurs qui jettent la Mésopotamie dans la confusion.
Dès le début du 12ème siècle, le Nouvel Empire hittite et le Mitani connaissent un sort semblable : pour eux aussi l’heure du déclin a sonné.
Le Mitani est rayé de la carte, l’Égypte a perdu son statut de grande puissance, morcelée et livrée bien souvent à des dynasties étrangères qui surent pourtant lui donner encore quelques heures de gloire.
L’empire hittite a succombé définitivement sous les coups des invasions. La civilisation hittite, elle, survit dans un certains nombres de petits royaume qui se sont reconstitués à partir des débris du Nouvel Empire aux confins de l’Anatolie et de la Syrie.
L’Assyrie et la Babylonie, épuisées par leurs guerres incessantes, ne peuvent tenir tête aux multiples invasions venues du grand désert de Syrie comme du plateau iranien.
Profitant del chute des grandes puissances, des territoires jadis dominés par elles s’érigent en royaumes. C’est ainsi qu’en Syrie-Palestine apparaissent ces royaumes bien connus par les textes bibliques: Israël, Juda, cités philistines, royaumes phéniciens, Édomites, Moabites, Ammonites ou Araméens de Damas.
Durant les siècles qui suivent le Proche-Orient sera absorbé et unifié tour à tour par les Assyriens, les Chaldéens, les Perses, Alexandre le grand, les rois hellénistiques et finalement par les Romains.
Après la période de crise qui marque le tournant entre le deuxième et le premier millénaire, l’Assyrie est la première à relever la tête. Avec Assourbanipal et Salmanazar III, elle pousse ses armées dans les pays voisins, puis avec Téglath-Phalasar III et Sargon II, elle conquiert l’Orient et lui impose son autorité. Thèbes, Damas et Babylone connaissent l’une après l’autre les horreurs et les ruines engendrées par les campagnes des rois d’Assyrie. Mais les Cimmériens et les Scythes qui s’agitent dans la région du Caucase se préparent déjà à leur porter un coup fatal.
Épuisée par les campagnes incessantes et coûteuses, autant que par les crises de palais, l’Assyrie subit les coups redoutables des Scythes, des Mèdes et des Perses et en 612 Ninive tombait sous les assauts de Babylone, qui connaît avec Nabukodonosor (604-562) une période de gloire et de relations commerciales avec l’Égypte. Mais en héritant de l’empire assyrien, Babylone hérite également de ses tares. Ce vaste empire nécessite des expéditions et des représailles continuelles. En outre, ici comme à Ninive, les rivalités de partis ruinent l’empire de l’intérieur.
En 556, Cyrus, roi des Perses, triomphe de son suzerain Astyage, roi des Mèdes, héritant par là d’un vaste empire. En 548, il part en campagne : il enlève l’Asie mineure à Crésus et détruit Sardes, s’attaque à Babylone. Après lui avoir ravi ses provinces de Syrie et d’Arabie, il s’empare de la capitale en 539 avec l’aide d’un parti hostile au roi du moment, Nabonide. Cambyse son successeur repousse jusqu’au sud de l’Égypte les frontières de l’empire. Darius organise remarquablement cet immense empire. Mais la révolte progressive des provinces obligea Xerxès à des répressions de plus en plus dures. Le despotisme des souverains entraînant la multiplication des rébellions et des trahisons : l’empire perse était au bord de l’abîme.
Alejandro Magno
En 334, Alexandre a 22 ans lorsqu’il se met en campagne pour affermir son pouvoir sur une Grèce qui ironise et se révolte devant son jeune âge. Deux ans plus tard, il passe en Asie, il écrase une armée perse sur les bords du Granique, traverse l’Asie Mineure et met en déroute Darius et son armée qui lui barre la route à Issos. Il triomphe de la résistance opiniâtre de Tyr et de Gaza, descend en Égypte, remonte en Mésopotamie et met en fuite à nouveau Darius et ses troupes qui l’attendent dans la plaine de Gaugamèles. En octobre 331, il entre à Babylone, en décembre 331 à Suse et le mois suivant il détruit Persépolis. En 323, Alexandre meurt laissant un empire allant de l’Indus au nord-ouest de la Grèce et avec en héritage à ce Moyen Orient conquis, les richesses culturelles de l’hellénisme.
Après la mort d’Alexandre, l’empire est divisé entre ses successeurs. La Grèce et la Macédoine sous l’autorité du régent Perdicas, Lysimaque en Thrace, l’Asie Mineure avec Antigone, la Syrie et la Mésopotamie avec Séleucos et l’Égypte avec Ptolémée constituent la carte géopolitique de ce Proche Orient et les acteurs de conflits interminables dont l’histoire conserve le souvenir sous le nom de « guerres des Diadoques ». Dès 306, chacun des représentants de ces différentes dynasties s’attribuent le titre de roi.
Antigone Monophthalmos, qui rêve comme chacun de ses rivaux de reconstituer à son compte l’ancien empire d’Alexandre, manque de peu son but. Secondé par son fils Démétrios Poliorcète, il rassemble sous son autorité l’Asie Mineure et le nord de la Mésopotamie, les terres plus à l’est restant en la possession de Séleucos. Devant l’île de Chypre, il triomphe, dans un combat naval, de Ptolémée, à qui appartient l’Égypte. Il s’empare de Rhodes et, en 302, la Grèce est conquise. Mais en 301 à Ipsos, Antigone est vaincu par ses rivaux coalisés. Il meurt sur le champ de bataille, et le rêve d’un empire disparaît avec lui.
La victoire de Séleucos et de Lysimaque sur Antigone entraîne la redistribution des cartes au profit des deux vainqueurs qui se partagent les dépouilles du maître de l’Asie Mineure. Lysimaque récupère toute la région occidentale de cette contrée, tandis que Séleucos étend son royaume vers l’ouest. Cette situation sera de courte durée : 20 ans plus tard, Lysimaque tombera sous les coups de Séleucos à la bataille de Couroupédion, non loin de Smyrne. Désormais la Macédoine reste aux mains des Antigonides, l’Égypte est sous l’autorité des Ptolémées et la part du lion revient aux Séleucides.
En 129 av. J.C., le roi de Pergame, Attale III, lègue son royaume à Rome qui en fait la « province d’Asie ». En raison des troubles causés par un descendant d’Attale, frustré par ce legs, Rome transfère la capitale de la nouvelle province à Éphèse.
Les pirates qui s’abritent dans les ports de Cilicie inquiètent Rome, qui envoie une expédition en 102 av. J.C. Les bases des pirates sont anéanties et la Cilicie est érigée en province romaine. Lorsque Pompée intervient en Orient en raison del reprise de la piraterie de Cilicie, il rétabli l’ordre et la province. Plus largement, Pompée réorganise l’Asie Mineure tout entière, établissant la province de Bithynie et du Pont en adjoignant à la Bithynie, que Rome avait reçue en legs de son dernier roi Nicomède III en 74 av. J.C., la région occidentale du royaume du Pont qu’il venait de conquérir. Il donne la partie orientale du Pont à la Galatie qui restera royaume allié de Rome jusqu’en 25 av. J.C., date où elle fut annexée pour constituer avec la Lycaonie, dont faisaient partie Iconium, Lystre et Derbé, la province romaine de Galatie. Toujours dans le cadre de cette réorganisation de l’Asie Mineure, Pompée donna à la Commagène le statut de « Royaume Ami » de Rome. El fut annexée cependant en 17 ap. J.C., par Tibère. C’est dans la même année que la Cappadoce, qui se trouvait depuis 94 av. J.C. sous le protectorat de Rome, est transformée en province romaine.
La Lycie, qui avait été sous le contrôle de Rhodes lors de la chute des Séleucides, est la dernière à faire partie de l’empire romain ; elle est annexée et réunie à la Pamphylie (province depuis 24 av. J.C.) par l’empereur Claude en 43 ap. J.C.
Ainsi Rome reprenait tour à tour ces anciens petits royaumes, nés de l’éclatement de l’empire séleucide en Asie Mineure, après la défaite d’Antiochos III à Magnésie du Sipyle (189 av. J.C.) par Scipion l’Asiatique.