Les livres de Samuel et des Rois nous ont présenté cinq siècles de l’histoire d’Israël sans interruption, de David à l’Exil à Babylone.
Ensuite viennent les soixante-dix années de la “captivité”, c’est-à-dire l’Exil. Toute la population n’avait pas été déportée. La majorité du peuple se composait de petits cultivateurs qui restèrent dans leur pays. Cependant, ils n’avaient ni chefs, ni responsables spirituels, et ils ne firent rien pour relever leur nation.
En l’an 538 av. J.C., un décret de Cyrus, vainqueur des Chaldéens, autorise le retour au pays de tous les Juifs déportés à Babylone. Le geste de Cyrus était avant tout politique, mais la Bible voit là l’accomplissement des promesses de Dieu aux prophètes (tout spécialement à Jérémie et Ezéquiel).
Le décret de Cyrus marqua le début du retour des déportés : c’étaient eux qui allaient faire revivre la nation. Les premiers revinrent avec Zorobabel, un descendant des rois. Après des commencements difficiles, ils se réorganisèrent sous la direction d’Esdras et de Néhémie au siècle suivant.
Le décret de Cyrus n’avait pas modifié la situation politique de la Palestine, devenue une province de l’empire. Jérusalem reste sous l’autorité de la Samarie du point de vue administratif et l’aristocratie samaritaine ne veut pas être dépassée par les notables de Juda qui reviennent au pays après cinquante ans d’exil. Ceci explique des conflits entre Juifs et Samaritains qui jamais ne s’apaiseront.
Tous les Juifs ne retournèrent pas à leur terre. Beaucoup d’entre eux avaient émigré à l’étranger avant l’Exil et ils restèrent dans les pays où ils habitaient : Egypte, Assyrie, Perse. Ce fut pareil pour d’autres qui avaient été déportés, mais qui, à Babylone, avaient réussi à sortir de leur condition misérable : en s’entraidant, ils y avaient obtenu de bons postes. Ceux qui revinrent étaient ceux qui avaient assimilé le message des prophètes. Ils arrivaient par familles et groupes organisés, décidés à reconstruire un Israël purifié et saint.
Venant se réinstaller dans leur patrie parmi des étrangers et des Juifs peu conscients de leur mission, le grand risque pour eux était de perdre leur enthousiasme. C’est pourquoi l’oeuvre d’Esdras et de Néhémie fut décisive pour préserver l’unité des Juifs et les maintenir séparés de tous les autres. Voir en particulier le problème des mariages avec des étrangers (Esdras 9,l0 ; Néhémie 9,2 ; 13,10-30).
Plus tard, l’œuvre biblique d’Esdras a joué un rôle décisif, quand il a rassemblé pour la première fois les livres saints, faisant des Ecritures la base de la religion. C’est Esdras qui inaugura cette nouvelle forme de culte où la lecture en commun de la Bible devenait la base de la vie religieuse des croyants : ce fut pour eux le moyen d’ une foi plus solide et plus responsable (voir Néhémie 8). Le texte de 2M 2,l3-l4 rappelle cette tâche historique d’Esdras.
La réforme d’Esdras a donné à la communauté juive d’après l’exil à Babylone ses aspects caractéristiques : le peuple de Dieu devient un peuple consacré à Dieu et séparé du reste des hommes par les nombreuses barrières de la Loi. Sa mission est de préserver le culte du Dieu unique et, comme ils n’ont pas retrouvé l’indépendance nationale, les prêtres deviennent les garants de l’unité et de l’identité du peuple de Dieu.
Au début ces deux livres n’en formaient qu’un seul, où l’on avait réuni certaines informations sur le travail accompli par ces deux hommes. On peut noter les étapes qui conduisent au rétablissement de la communauté juive :
— A partir du décret de Cyrus en 538 av. J.-C., plusieurs groupes d’exilés reviennent à Jérusalem où Zorobabel reconstruit LE TEMPLE (voir Esdras 1,1 à 4,5 ; 4,24 à 6,2).
— Ensuite, les ennemis des Juifs essaient d’empêcher la reconstruction de LA VILLE (voir Esdras 4,7-23).
— En 458, peut-être, Esdras vient organiser la communauté et lui imposer la Loi de Moïse comme règle (voir Esdras 7 à 10).
- En 445 Néhémie arrive de Perse et reconstruit LES REMPARTS. Ensuite, il administre Jérusalem pendant douze ans (voir Néhémie l à 7).
- Finalement, il y a une seconde mission de Néhémie en 425 (voir Néhémie 13).