1 Voici ce que dit Yahvé : Où est la lettre de divorce de votre mère ? L’aurais-je renvoyée ? A qui dois-je de l’argent, à qui vous aurais-je vendus ? C’est à cause de vos fautes que vous avez été vendus, c’est pour vos crimes que j’ai renvoyé votre mère.
2 Pourquoi n’ai-je trouvé personne lorsque je suis venu ? Pourquoi n’a-t-on pas répondu quand j’ai appelé ? Ma main serait-elle trop courte pour libérer, ne suis-je pas assez fort pour sauver ? Il suffit que je menace et la mer se dessèche, la rivière disparaît dans la vallée et ses poissons restent à sec, ils meurent au soleil. 3 J’habille les cieux tout de noir et les oblige à se vêtir d’un sac.
4 Le Seigneur Yahvé m’a formé,
pour que je parle comme son disciple,
que je sache soutenir celui qui est épuisé.
Dès le matin il réveille mon attention
pour que j’écoute comme fait un disciple.
5 Le Seigneur Yahvé m’a ouvert l’oreille
et je ne m’y suis pas refusé,
je n’ai pas reculé.
6 J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient,
mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe,
je n’ai pas dérobé mon visage aux insultes, aux crachats.
7 Le Seigneur Yahvé est de mon côté,
et les insultes ne me touchent pas ;
aussi je garde un visage de pierre,
je sais que je n’aurai pas à rougir.
8 Voici venir mon juge, qui veut s’en prendre à moi ?
Allez, comparaissons ensemble,
si quelqu’un veut m’accuser, qu’il s’approche !
9 Si le Seigneur Yahvé est avec moi,
qui me condamnera ?
Regardez-les, voyez comme ils se défont :
ils ne sont plus qu’un vêtement dévoré par les mites.
10 Si quelqu’un parmi vous craint Yahvé,
qu’il écoute la voix de son serviteur ;
si quelqu’un marche dans les ténèbres,
là où ne brille nulle lumière,
qu’il mette sa confiance dans le Nom de Yahvé,
qu’il s’appuie sur son Dieu.
11 Mais vous tous qui allumez un feu,
et qui faites autour un cercle de braises,
allez donc aux flammes de votre feu,
et brûlez avec vos bois embrasés :
vous vous roulerez dans vos tourments
et cela vous viendra de ma propre main.
“Réveillez-vous !” Ce poème est un double appel à Yahvé et à Jérusalem pour qu’ils se réveillent. Yahvé, guerrier endormi, et Jérusalem, semblable à une femme désabusée. Les deux doivent entreprendre ensemble la restauration de Jérusalem :
— Yahvé est celui qui indique le moment propice ; il prépare les conditions historiques pour que ce soit faisable, et il fait lever l’espoir dans le coeur des hommes.
— Quant aux enfants de Jérusalem, ils doivent d’abord désirer leur libération, et ensuite il leur faudra reconstruire.
Dieu semble absent du monde où les hommes n’en font qu’à leur tête. Dieu semble dormir jusqu’à ce que son heure arrive. Nous ne devons pas pour autant être fatalistes et croire que les problèmes se résoudront quand Dieu le décidera. Appeler Dieu pour qu’il se réveille, cela signifie aussi entreprendre et marcher quand le brouillard ne s’est pas encore levé. Qui est-ce que Dieu encourage ? Des vaincus qui paient le prix de leurs erreurs. Il ne parle pas à des saints mais à des pécheurs : en pardonnant leurs fautes passées, il leur donne la force de reconstruire la Ville Sainte.
Il est aisé de critiquer les expressions bibliques, réalistes et primitives, qui nous parlent du Dieu des armées. Mais, il ne faudrait pas remplacer l’image du Conquérant par celle d’un Dieu tranquille et bonasse heureux de nous voir gentils et repus. Les événements annoncés par le prophète allaient renverser le cours de l’histoire.
Remarquer les termes rachetés et vendus déjà lus dans 50,1 L’homme appartient à Dieu et il ne trouve sa liberté qu’en lui obéissant. S’il refuse cette dépendance, il retombe dans une autre : il n’est pas fait pour une autre liberté que celle qui se développe dans le face-à-face avec un autre. Le Christ nous “rachète”, ou nous délivre de toute servitude, comme dit Isaïe 53,10 (voir Rom 6,15), mais c’est en faisant de nous des fils.