1 L’humain, né de la femme, sa vie est courte, et jamais sans problèmes.
2 Comme la fleur il sort et puis se fane,
comme l’ombre il court et jamais ne s’arrête.
13 28 Il se défait comme un bois vermoulu,
comme un habit mangé aux mites.
Et c’est sur lui que tu as l’œil ouvert,
c’est lui que tu fais comparaître devant toi ?
Qui fera sortir le pur de l’impur ?
Personne !
Puisque ses jours lui sont comptés,
que de toi dépend le nombre de ses mois,
et qu’il ne peut passer le terme fixé par toi,
alors : regarde ailleurs et laisse-le,
comme un ouvrier, finir sa journée.
Pour l’arbre il y a un espoir :
on l’a coupé, il reprendra vie,
il ne cessera de pousser des rejets.
Sa racine peut vieillir en terre
et son tronc mourir dans le sol,
rien qu’à l’odeur de l’eau il bourgeonne
et comme un jeune plant il refait un feuillage.
Mais l’homme aussitôt mort se défait :
quand il a expiré, où voudrait-on qu’il soit ?
La mer pourrait perdre ses eaux,
les fleuves se vider et rester secs,
celui qui gît ne se relèvera pas !
Pas de réveil pour lui tant que durent les cieux,
les humains ne sortiront pas de leur sommeil.
je voudrais que tu me gardes dans le monde d’en-bas,
que tu m’y caches, le temps que passe ta colère,
et que tu fixes un jour pour te souvenir de moi.
14 b Là-bas, tant que durerait mon service,
j’attendrais l’heure de la relève.
Alors tu appellerais et je te répondrais,
tu viendrais réclamer l’œuvre de tes mains.
Fini le temps où tu comptais tous mes pas :
tu ne regarderais plus mes péchés,
tu bouclerais ma faute dans un sac
et blanchirais mes dettes.
Mais non ! La montagne s’éboule,
le rocher cède,
les eaux creusent les pierres,
l’averse emporte les terres ;
et l’espoir de l’homme, tu l’enlèves !
Tu le terrasses : c’est fini, il s’en est allé ;
tu le défigures et tu l’envoies au diable.
Si ses fils sont honorés, il ne le sait pas,
s’ils sont méprisés, il n’en a nulle idée :
il n’a de chagrin que pour son propre corps,
il n’a plus d’autre deuil que le sien.
A travers son cas personnel, Job présente une critique générale de la condition humaine et il le fait presque comme l’Ecclésiaste. Les malheurs de l’homme :
— sa vie est courte ;
— ses souffrances sont nombreuses ;
— la grâce de la jeunesse est suivie des amertumes de la vie d’adulte ;
— il y a en lui quelque chose d’impur, d’incompréhensible, qui lui fait perdre ce qu’il entreprend ;
— la vie voudrait vivre toujours, et cela ne lui est pas accordé.
Mais tandis que l’Ecclésiaste accepte la loi universelle, Job rêve d’un Dieu qui oublierait un moment sa supériorité (15-17) et viendrait lui parler.
Nous voyons ici un des résultats de ce que Dieu enseignait à Israël depuis des siècles. A mesure que les Israélites comprenaient mieux l’alliance qui les liait à Dieu, ils grandissaient en humanité. Alors que leurs ancêtres comme Jacob ou Moïse se résignaient à leur destin mortel, eux aspiraient à autre chose.