1 Voici ce que j’ai vu ensuite : une porte était ouverte dans le ciel. Alors la voix que j’avais entendue au début, qui résonne comme une trompette, me dit : “Monte ici, je vais te montrer ce qui arrivera par la suite.”
2 Aussitôt je suis saisi par l’Esprit et je vois dans le ciel un trône, et sur le trône quelqu’un est assis. 3 L’éclat de celui qui siège fait penser à une pierre de jaspe ou de sardoine. Un arc-en-ciel couleur d’émeraude enveloppe le trône.
4 Tout autour du trône il y a vingt-quatre trônes et vingt quatre Anciens sont assis sur ces trônes, tout habillés de blanc, avec sur la tête des couronnes d’or. 5 Des éclairs jaillissent du trône avec un grand vacarme et des coups de tonnerre. Devant le trône brûlent sept torches qui sont les sept esprits de Dieu. 6 Un bassin transparent comme du cristal se voit devant le trône.
Quatre êtres vivants occupent l’espace entre le trône et ce qui est autour. 7 Le premier Vivant ressemble à un lion, le second à un bœuf, le troisième a un visage d’homme et le quatrième est comme un aigle en plein vol. 8 Chacun des quatre Vivants a six ailes couvertes d’yeux tout autour et à l’intérieur. Et de jour ou de nuit ils ne cessent de répéter :
“Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu, Maître de l’Univers, Celui qui était et Qui est et Qui vient.”
9 Et chaque fois que ces Vivants rendent gloire, honneur et action de grâce à celui qui est assis sur le trône et qui vit pour les siècles des siècles, 10 les vingt quatre Anciens se prosternent devant celui qui est assis sur le trône. Ils adorent celui qui vit pour les siècles des siècles et ils jettent leurs couronnes au pied du trône en disant :
11 “Que revienne à toi, Seigneur notre Dieu,
gloire, honneur et puissance, car tu en es digne.
C’est toi qui as créé toutes choses,
selon ta volonté elles ont été et se sont formées.”
A la suite de ces messages aux Eglises d’Asie, nous trouvons les visions à travers lesquelles se révèle le sens de l’histoire.
— Dans les chapitres 4-11, Jean donne l’interprétation du passé : il fait le bilan de l’histoire d’Israël jusqu’au moment de la proclamation de l’Evangile.
— Dans les chapitres 12-21, il se tourne vers l’avenir : les premiers combats de l’Eglise ouvrent une nouvelle histoire : celle du Nouveau Testament.
Nous ne pouvons faire face aux événements si nous ne savons pas où nous allons et pourquoi nous luttons. Ceux qui n’ont pas un but seront vite balayés par les courants adverses. Donc, avant de développer sa vision de l’histoire, Jean nous montre le centre inaltérable où les choses et les événements ont leur origine et auquel ils retournent.
Une porte était ouverte dans le ciel (1). Selon les idées d’alors, au-dessus de la voûte se trouvaient les “eaux d’en haut”, d’où vient la pluie, et au dessus encore, les “cieux des cieux”, le vrai ciel où Dieu demeure.
Au ciel se trouve un trône et sur le trône Quelqu’un. Ce quelqu’un d’invisible de qui proviennent la lumière et la vie est l’Etre divin contemplé dans sa source, c’est-à-dire le Père. Son visage est impossible à décrire, mais tous les éléments de la nature sont rassemblés pour exprimer quelque chose de l’Etre divin : la puissance de la tempête, la fascination du feu, la pureté et la fraîcheur de l’eau.
Les Anciens sont les saints de l’Ancien Testament, lesquels représentent l’ensemble du peuple fidèle (voir Is 24,23). Les quatre “êtres vivants” sont des anges. Ils sont décrits sous des traits qui expriment tout ce qu’il y a de noble, de fort, de sage et de rapide, ceux-là même qu’avait vus le prophète Ezéquiel (Ez 1). Leurs yeux sans cesse éveillés restent fixés sur le centre du mystère divin, et ils répandent les énergies de Dieu dans tout l’univers.
Ils ne cessent de répéter : Saint, saint, saint (8). Voici le premier des hymnes de l’Apocalypse, repris d’Isaïe. En ce centre d’où tout est sorti, il ne reviendra lorsque s’achèvera la vie et l’histoire des hommes, que l’action de grâce au Père. Qu’est-ce que nous ferons au ciel ? Tout sera admiration, louange et découverte étonnée de l’infinité de Dieu.
Jean décrit ici le mystère de Dieu, en reprenant des images qui viennent d’Isaïe 6 et d’Ezéquiel 1. Il reviendra souvent à ces deux prophètes. Quant aux quatre animaux, l’art chrétien les emploie pour représenter les quatre évangélistes : l’homme pour Matthieu ; le lion pour Marc ; le taureau pour Luc ; et l’aigle pour Jean.